Il est un lieu inhabité, en pleine campagne, meurtri par les années de silence, ces routes désertiques, ces poteaux sans fonction, ces échos interminables, et ces cris sourds d'une solitude affairée à todre les derniers espors.
Les guitares saccagées crissent sous les doigts de ces deux frères longtemps condamnés à trimer à la caisse d'un supermarché. Le week-end pour tuer le temps avant qu'il ne vous tue, on crache ses langueurs sur un 4 pistes bon marché dans l'espoir de vendre du sillon aux amis. Ici, tout est fait pour dissoner. On ne désaccorde pas les guitares, non, on oublie tout simplement de les accorder, c'est plus simple. On érige le spectre Jandek en maître à penser et on maltraite les rares mélodies qui ont eu le malheur de s'aventurer sur ces terres arrides et déchues.
Vient alors le temps des découvertes; on abandonne les ritournelles déraillées pour des espaces qui laissent entrevoir les traces et les plaies que le Talk Talk des grandes heures a pu laisser. On se met à sortir les bandes du 4 pistes pour les triturer, les maltraiter. Les boucles s'ajoutent à l'organique pour alourdir l'atmosphère d'une mélancolie sans épanchements. C'est effrayant de désolation.
Et puis un jour, on envoie par internet ses bandes à cLOUDDEAD, groupe de hip-hop déglingué, qui vous renvoie ces mêmes bandes assorties d'un flow drogué, et de rythmes sacrifiés. On accèlère son amour de l'électronique, et on approfondit ses accointances avec le dub... Cold House est un chef d'oeuvre.
Ouside Closer, moins étonnant, prendra malgré tout un chemin similairement sinueux.
C'est un peu tout çà à la fois HOOD. Vous dire que ce groupe accompagne mon existence depuis 12 ans, ce n'est pas exagéré tant la première écoute de « The cycle of days and seasons » m'a foudroyée.
Une plongée dans un univers qui semble avoir abandonné tout forme de lutte et qui fait avec les douleurs qu'on lui a laissées.
C'est un soir, un jeune mec me dit: Si tu veux de la mélancolie, écoute le dernier HOOD. J'ai acheté le disque le lendemain, sans même en avoir entendu une note. Catapulté sans parachute, la chute fût rude et la remontée plus complexe encore.
On croise ses propres reflets de chagrin, ce feu de cheminée qui vous brûle à l'intérieur mais vous laisse malgré tout glacé jusqu'à rendre vos doigts violets. Ces multiples silences qui ponctuent la musique de HOOD semble vouloir vous mettre en face de vos propres démons, non pas pour sécher vos larmes, mais pour les tirer encore plus bas que terre, et pourtant, peu à peu vous réconfortent.
La chasse est alors ouverte, tous les disques, les faces B, les inédits. Tout ce que je peux trouver et qui s'écoute, tout. Jusqu'à l'attente, une fois le retard rattrapée. L'attente de la suite à donner à tout cette aventure.
BRACKEN, le projet d'un des deux frères, bien sûr, mais HOOD nom de nom, HOOD s'enroule encore autour de mon écoute comme une évidente coulée de sang, cette musique coule dans mes veines depuis toujours, çà paraît maintenant évident.
HOOD signifie capuche, car c'est vrai, il pleut sur les disques de HOOD, cette pluie incessante qui vous rentre dans la peau et vous glisse dans le col de votre manteau pour vous protéger du mieux que vous le pouvez, mais force m'est d'admettre que je ne parviens pas à me protéger. Peut-être que je ne le désire pas, tout simplement.
Les premières années avec l'album Cabled linear traction:
Evening return: http://hoodmusic.net/index2.html
Présent sur Cycles of days and seasons, le titre que je préfère du groupe:
Houses tilting towards the sea: http://hoodmusic.net/av/houses.mp3
Cold House:
They removed...: http://hoodmusic.net/index2.html
Le site:
http://hoodmusic.net/index2.html