CRASS

Tiens je ne sais pas si vous connaissez ou si c’est votre tasse de thé (bière) mais je voulais vous parler de Crass. Un groupe punk anarchiste qui sévit grosso modo entre 78 et 84 et qui reste THE référence de ce mouvement avec une éthique « do it yourself » poussé dans ses derniers retranchements…


Fondé en 78 en plein vague Clash & Sex Pistols par des mecs d’une communauté écolo-pacifiste « Dial House » dans l’Essex, et plus habitués a faire de la musique expérimentale et des spectacles d’avant-garde (Exit, free festivals hippies de Stonhenge). Penny Rimbaud, déjà 35 piges et venant d'une école d'art, Gee Vaucher, une jeune designer adepte des collages iconoclastes, Steve Ignorant (Professor Ignorant), Eve Libertine, Joy de Vivre, Phil Free et les autres décident de se mettre au punk mais avec leur propre démarche.et vont raconter pendant 6 ans a peine leurs engagements, leurs espoirs et leurs doutes… glissant dans une démarche de moins en moins « positive ».

Ils prennent leur nom en référence à des lyrics de Ziggy Stardust « the kids was just crass » et vont joyeusement se mettre a faire un punk politique communautaire en combinant chansons, films, collages sonores notamment avec des extraits de radio, des choix graphiques provocateurs, de la subversion sur tous les fronts, et notamment contre la violence, la guerre, le sexisme, la religion, Thatcher et consorts. En live leur musique sera toujours accompagnée de projections de films en arrière plan, de collages vidéos sur la guerre, les oppressions, les problèmes sociaux …

Leur musique et souvent violente voir suffocante mais toujours avec des paroles acerbes et matures incroyables. On est proche de la saturation sur certains morceaux, on est proche du bruit blanc ou de l’expérimentation bruitiste, mais avec une énergie toute punk et une sacré façon de voir la musique… une vraie émotion sonore par des idéalistes lucides.

Crass c’est à la fois un groupe de musique, un label discographique et aussi une cellule d'intervention politique. Bref des radicaux en « mission » permanente: «On avait le sentiment d'être la proue d'un navire frayant dans un océan de merde, racontait Penny Rimbaud. Crass c’est un peu comment défier haut et fort le Système et chaque nouvelle sortie de disque était une réponse tactique du groupe à une situation politique déterminée en 79 avec l’arrivée de Thatcher.

Crass soutient activement le mouvement anti-nucléaire CND, s'oppose au déploiement des missiles de Reagan en Grande-Bretagne, participe à des actions de sabotage. Ils participent aussi à des actions types « stop the city ». Ils étaient très au fait de canulars également tels que par exemple la distribution de K7 avec des fausses voies de Reagan et Thatcher discutant d’une attaque nucléaire sur l’Europe en cas de guerre froide. Wiki : Les membres de Crass furent à l'origine d'un autre canular post-Guerre des Malouines qui recueillit assez d'attention pour faire craindre à l'administration Reagan des activités du KGB. Connue sous le nom de Thatchergate tapes, il s'agissait d'une cassette de fausse conversation faite d'échantillons des voix de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, dans laquelle ils semblaient alléguer que l'Europe serait la cible d'armes nucléaires de courte-portée en cas de conflit en États-Unis et Union soviétique. Des copies furent divulguées publiquement, et rassemblées de manière totalement anonyme, le journal British Observer fit le lien avec le groupe.

Les numéros de catalogue des sorties du label Crass Records marquaient un compte à rebours jusqu'à l'année 1984 (par ex, 521984 signifiait cinq ans avant 1984), qui fut à la fois l'année où ils décidèrent de se séparer, et une date pleine de signification dans le calendrier anti-autoritaire du roman éponyme de George Orwell (1984).

Et en 84, lors d’un ultime concert au profit des mineurs gallois en grève, ils mettent fin au groupe en criant « Nous avons tous échoué et nous avons tous réussi».


Bref on est assez loin des jérémiades des groupes de pseudo-punk que se disputaient les maisons de disques à l’époque…



Bon voila pour le contexte passons maintenant à la musique. Crass a fait 5 albums et chacun était considéré comme une réponse tactique et systématique contre le pouvoir Thatchérien. Ce serait un poil long d’expliquer à chaque fois le contexte et comment ils s’y sont pris donc je vais plutôt juste vous faire écouter quelques morceaux choisis parmi les 5 albums :

1978 - The Feeding of the 5000
1979 - Stations of the Crass
1981 - Penis Envy
1982 - Christ: the Album
1983 - Yes Sir, I Will


REALITY ASYLUM
C’est grâce ou à cause de ce morceau que Crass fonda sa propre maison de disque très tôt. Ils vont même faire imprimer leurs galettes en France dans la mesure où ils étaient interdit en Grande Bretagne. En fait les ouvriers anglais de l'usine de pressage refusèrent de travailler pour Crass a cause des textes prétendument blasphématoire de la chanson Reality Asylum (sur The Feeding Of The 5000). En dernière minutes Crass avaient ironiquement alors placé un morceau The Sound of Free Speech : juste du silence.

Reality Asylum est une sorte de poésie scandée avec des lyrics comme « You die alone in you manfear / Alone in your fear. Your fear. / Warfare. Jesus died for his own sins. Not mine.” qui rappel le “Jesus died for somebody's sins, but not mine” de Patti Smith du morceau Gloria (Horses 75). Ce qui fit un énorme scandale à l’époque quand on se rappel bien ce qu’était la représentation religieuse dans ces années : l’anglicanisme, la Sunday school, l’évangelisme à la TV, les Harvest festivals…

C’est un morceau considéré comme de la musique concrète avec des sons d’orgues, des rires d’enfants, des bruits de guerre et la basse et la guitare jouant un drone atone. Une réelle ambiance..

https://www.youtube.com/watch?v=Y_HOYk9ED9Q


BLOODY REVOLUTION
Une de mes préférés ! Une marseillaise bien déjantée qui se poursuit tout le long du morceau avec Steve Ignorant au chant servant un phrasé punk classique. Le morceau bascule en milieu de partie avec le chant d’Eve Libertine qui lui donne une nouvelle impulsion bien barrée. Beaucoup d’énergie pour un morceau d’anthologie. Les paroles encore une fois sont complexes et débitées à la hache, commençant par le très ironique « You talk about your revolution, well, thats fine” pour finir sur le constat laconique: “Theres nothing that you offer but a dream of last years hero / The truth of revolution, brother.......... is year zero”.




MOTHER EARTH
Une autre chanson de Crass à la rythmique entêtante et au jeu de guitare quasi hypnotique. Premier morceau de l’excellent Stations of the Crass, leur deuxième album (double album studio+live). Steve Ignorant chante parfois à la limite du supportable sur ce morceau. Pas facile je le reconnais, mais au final c’est une de mes préférés aussi.




YES SIR I WILL
Leur dernier album est un album concept composé d’un seul titre long d’une quarantaine de minutes et qui est une attaque virulente contre la guerre des malouines. Le titre est tiré du fait suivant : Charles le Prince de Galles lors d’un défilé s’adresse à un soldat gravement blessé au visage brulé et complètement déformé revenant des Farklands « Get well soon »; et le soldat répondit « Yes Sir i Will ». Cette réponse avait fait polémique à l’époque qu’un soldat ose répondre de la sorte. A l'époque, Crass recueille des témoignages de soldats britanniques accablant l'armée et reçoit des informations sensibles (notamment sur les circonstances controversées du coulage du HMS Sheffield), au point d'intéresser les espions du KGB ; alors que la plupart des artistes restaient paralysés face à la ferveur guerrière des médias et de l'opinion.

Voici donc juste la première partie du morceau.



SHAVED WOMEN
Un titre issu de Station of Crass que je ne peux résumer tellement il me laisse sans voix

… Screaming babies, Screaming babies, Screaming babies, Screaming babies,
Screaming babies, Screaming babies, Screaming babies, Screaming babies …





Voila pour commencer et je poursuivrais si cela vous intéresse

Viva
Gillian

je connais que de nom

tu connais Jeffrey Lewis ? c'est un songwriter américain un peu déjanté (qui fait aussi de la bd) et qui a repris certains de leurs morceaux (son album s'appelle "12 crass songs")

oui j'aime beaucoup, et aussi Jack lewis le fréro qui a un morceau intitulé "the day Neil Young died"

J'espère que tu vas recevoir des commentaires désobligeants, parce que moi, quand je parle CLIMAX GOLDEN TWINS, XENAKIS, TAZARTES Ghedalia ou des trucs du genre, je me fais jeter...

comment on fait pour comprendre le message?(s'il y en a un)les voix restent quasi inaudibles.faute à la prod ou au micro.
enfin une musique qui réveille. ......ça nous change.

méchant!

disons que Crass ce n'est pas complétement du stratosphérique non plus et en mixant leur musiques étranges avec des revendications bien concrètes on attérit rapidement (j'adore par ailleurs les trucs bien barrés aussi mais là j'ai l'impression que c'est pas tout à fait le même registre).

nyzwok a écrit:

comment on fait pour comprendre le message?(s'il y en a un)les voix restent quasi inaudibles.faute à la prod ou au micro.

ah ? ça passait bien pourtant

Esther a écrit:

J'espère que tu vas recevoir des commentaires désobligeants, parce que moi, quand je parle CLIMAX GOLDEN TWINS, XENAKIS, TAZARTES Ghedalia ou des trucs du genre, je me fais jeter...

T'inquiètes, ça va arriver.

Esther a écrit:

J'espère que tu vas recevoir des commentaires désobligeants, parce que moi, quand je parle CLIMAX GOLDEN TWINS, XENAKIS, TAZARTES Ghedalia ou des trucs du genre, je me fais jeter...

J'voulais te donner un mouchoir, mais j'en ai plus.

Rust a écrit:

Esther a écrit:

J'espère que tu vas recevoir des commentaires désobligeants, parce que moi, quand je parle CLIMAX GOLDEN TWINS, XENAKIS, TAZARTES Ghedalia ou des trucs du genre, je me fais jeter...

J'voulais te donner un mouchoir, mais j'en ai plus.

Vu ta tenue, t'as du t'astiquer le manche toute la sainte journée, je comprends la rupture de stock.

Esther a écrit:

Rust a écrit:

J'voulais te donner un mouchoir, mais j'en ai plus.

Vu ta tenue, t'as du t'astiquer le manche toute la sainte journée, je comprends la rupture de stock.

Je ne suis pas le Messie.