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 Talk Talk & Mark Hollis

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Esther
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Esther
Charly O'leg
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MessageSujet: Talk Talk & Mark Hollis   Talk Talk & Mark Hollis EmptySam 22 Mai - 21:27

Il y a des flammes qui ne s’éteindront jamais. En 1998, j’ai découvert le disque de toute une vie. La mienne. On demande souvent quel disque emporterait-on sur une île déserte. Pourquoi un ? Mais bon, admettons. Puisqu’il le faut, je me suis finalement décidé. Un jour. En 1998.

A la lecture d’un article consacré au nouvel album de Mark Hollis, dans un magasine branché, la chronique parlait d’un disque solo sublime, acoustique, qui dépasse le cadre de la pop, qui marquerait blablabla…. Mouais. Mark Hollis. L’ancien chanteur de Talk Talk.

Revenons en arrière, Talk Talk, c’est un chanteur à bonnet rouge, qui chante « Such a shame », chanson dans la mouvance new-ave, pop anglaise, bien ficelée, que j’aimais bien, mais bon, pas de quoi se réveiller la nuit. Alors, du coup, moi qui, à cette époque me relève à peine de découvertes telles que Sonic Youth, My Bloody Valentine ou Pavement, l’album solo du leader de Talk Talk, je le prends un peu de haut.

Et puis, chez le disquaire, je tombe dessus, pochette étrange, et noir et blanc, sans inscription ou presque, d’une sobriété exacerbée… Alors, c’est plus fort que moi, je le prends. Il me faut savoir ce que contient ce soi-disant chef d’œuvre acoustique.

De toute ma vie, et malgré mes passions pour Neil Young, Nina Simone, et quelques autres dont les qualités ne sont pas forcément à démontrer, je n’ai jamais pris un disque dans la gueule de cette manière. Les seize secondes de silence qui entament le disque semblent résonner, aussi étrange que cela puisse paraître. Un piano ensuite, un murmure. Ce disque est une ode au murmure. On croirait Satie ressorti du monde des morts, avec une voix bouleversante en plus… Et ce souffle divin qui navigue sur le disque, car enregistré, en direct, mais surtout, avec micros, pas le moindre jack ne sortant d’un instrument. Sont convoqués guitares sèches, piano, mais aussi bois de tout poil, trompette et percussions, batterie muette ou presque. Bref, chaque instrument n’a parfois qu’une note à jouer, à une place bien précise, comme s’il ne pouvait en être autrement, et le tout s’embrasse avec une majesté éblouissante.

Le titre du premier morceau est un rappel de l’antépénultième album de Talk Talk, « The colour of spring » comme pour enterrer l’aventure. « Watershed », second morceau du disque achève de me laisser pantois. A la 34ème seconde du morceau, on entend tout à coup une corde crisser sous le poids du glissement d’un doigt changeant d’accord. Ce son traverse alors mon épine dorsale, et je me sens prêt à fondre en larmes. La suite coule de sources, on y entend très vaguement de la pop, un peu de jazz, de classique période Satie. Mark Hollis a quitté ses habits de Cousteau, mais navigue de plus en plus dans le monde du silence. Car du silence, ce disque en regorge.

Je ne sais pas combien de fois je vais écouter ce disque les jours qui vont suivre. Pendant près d’un mois, il n’y aura que celui-ci dans ma platine.

Un mois plus tard, à la médiathèque de chez moi, je loue les deux derniers disques de Talk Talk, « Laughing Stock » et « Spirit Of Eden », et là, c’est tout un monde qui s’écroule à jamais. Je prends mes idées reçues dans la tronche, et Mark Hollis me glisse gentiment de me les tailler en pointe. Deux albums plus électriques, mais où le silence y est apprivoisé, une fois de plus, avec maestria. Une musique où l’on oublie tous les codes de la pop, où l’on s’approprie l’espace temps, où l’on rêve d’un monde meilleur…

Sur la première vidéo, "I believe in You", on aperçoit pour la dernière fois Talk Talk réuni, où Mark Hollis n'en a visiblement plus rien à faire des médias, il se contente vaguement de bouger les lèvres, mais ne prend même pas le soin de faire semblant de jouer de la guitare, ce vaste cirque ne l'intéresse plus vraiment...

Dix ans après, où en suis-je avec Mark Hollis ? Toujours au même point. Je sais que ces trois disques seront présents jusqu’à la fin de ma vie, c’est une évidence. Je sais également que j’aimerai m’éteindre calmement, avec cette musique, et qu’on m’envoie dans les flammes, de l’enfer ou pas, mais avec cette musique.

Mark Hollis lui, a cessé, depuis, toute relation avec le monde de la musique. Il vit sur les rentes que lui offrent ses premiers succès, et joue de la musique en famille. Après avoir fait des études de musicologie, il a enregistré un disque qui semble être le point final d’une quête de la note absolue, et même s’il travaille vaguement sur des rééditions à venir de Talk Talk, il en a finit avec toute cette industrie qu’il a conchié les dernières années de sa vie artistiques. Bonne route.

Quant à moi, je ne me suis pas relevé de cette première écoute. Mieux qu’une découverte, ce fût une révélation.

« La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et tout philosophie » disait Ludwig Van Beethoven. Il devait parler de Mark Hollis.

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Dernière édition par Esther le Sam 22 Mai - 21:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Talk Talk & Mark Hollis   Talk Talk & Mark Hollis EmptySam 22 Mai - 21:30