A Treasure, Live 1984/85 avec les International Harvesters

NEIL YOUNG - A Treasure

Depuis de nombreuses années, Neil Young nous avait habitués à des productions médiocres, pour ne pas dire mauvaises, frisant même parfois le ridicule… Bref, depuis dix piges, le vieux radote à moitié, mais bon, on pardonne beaucoup à quelqu’un qui a composé autant de CO dans une seule et même carrière…

Et puis, il avait pris l’habitude de sortir des archives, à l’instar d’un Bob Dylan, plus qu’appétissantes. Des live, en plus de ces fameuses archives. Et même si tout cela avait un arrière goût d’amertume, étant donné que l’on retrouvait ces live dans le coffret des archives attendu comme le Saint-Graal, mais qui ne manqua pas de décevoir, au vu du nombre restreint, pour ne pas dire rachitique, de véritables inédits… Mais bon, là encore, les Live étaient de très haute volée, les inédits souvent intéressants, et les morceaux connus, remasterisés de très belle manière… Bref, nous avions toujours un truc à nous mettre sous la dent.

Et puis là, pan ! « A treasure » ! Tu parles d’un trésor ! Je ne vais pas m’amuser à chroniquer cet album que je n’ai pas réussi à terminer. D’une manière générale, j’ai toujours eu beaucoup de mal avec la country, pourtant, il arrivait parfois que cela passe bien. Certains des albums du Loner en comporte, souvent tout en finesse, léger, bucolique, et ça glisse tout seul, un brin de paille entre les chicots, une binouze à la main, détendu du gland !

Mais là, comment dire… C’est horrible. Du début à la fin (du moins de ce que j’ai réussi à écouter), il dévale tous les clichetons inimaginables de la country basique la plus républicaine au sens propre du terme. On sent le drapeau américain flotter en arrière plan pendant qu’au loin, les indiens se font gentiment reconduire à la frontière de leur réserve et sont priés d’aller voir là-bas si John Wayne y est ! Chuck Norris ferait les chœurs entre deux coups de pompe dans la mouille que je n’en serais pas plus étonné que ça ! On sort les violons, et les « un, deux, trois, et on change de cavalière ! » Ne manque plus qu’à l’appel que le cow-boy plein comme une vachette qui sort son pétard, défouraillant dans le ciel en gueulant « yipi ! », les frères Dalton se faisant la valloche en loucedé, Lucky Luke enfilant Jolly Jumper d’un coup sec et viril et le tableau serait complet. Le pire dans tout cela, c’est que si les chansons tenaient la route, nous aurions pu faire un effort, mais le problème est qu’en plus, il n’y a pas l’ombre d’une chanson qui ne vaille le détour.

On connaît la période « Old Ways » du Loner, et franchement, le temps d’un album, tout avait été dit. C’était mauvais, bon, ok, n’en parlons plus. Il n’était vraiment pas utile de ressortir ce truc infâme qui, du coup, prend quasiment la tête des albums les plus inaudibles du Loner, loin devant des albums comme « Trans », voire « Landing » que l’on est amené, du coup, à réévaluer, c’est dire le niveau. D’ailleurs, à ce titre, il me semblerait plus à propos de sortir des inédits et Live de la période Trans plutôt que d’exhumer des trucs de funeste mémoire comme ce trésor en forme de gâteau empoisonné.

Bref, papy Young perd la tête et ses bas, et il est grand temps pour lui de s’avouer vaincu, et après toutes les victoires qu’il a pu rencontrer, personne ne lui en voudrait. Il est donc à espérer que ce disque n’est qu’un incident de parcours dans la série des archives jusque là, relativement impeccable, mais vu la mouille des années 80 pour le Loner, on est en droit d’en douter !